Vous vous souvenez peut-être du Peuple migrateur, de Jacques Perrin ? Certaines images étaient si extraordinaires qu’on aurait pu croire que les oiseaux eux-mêmes tenaient la caméra. Eh bien j’en étais resortie déçue, avec l’envie de reprendre tous les rushes pour en faire un nouveau film. Ca me contrarie de le dire, mais j’ai eu exactement la même envie en sortant de La Marche de l’Empereur de Luc Jacquet : si seulement on pouvait garder les images et les sons enregistrés sur place et recommencer tout le reste…
Comment vouliez-vous que je n’aille pas voir ce film tourné en Terre Adélie, la première fois que j’ai vu la bande-annonce, j’en avais l’oeil humide. Les conditions de tournage ont été dantesques, une aventure jamais vécue auparavant, et les images rapportées sont à la hauteur des efforts qu’elles ont demandé, mais voilà, dans la bande-annonce, il n’y a pas de voix-off.
Même si le butinage de certaines critiques m’avait rendue un peu méfiante, la déception a été encore plus grande que ce que je craignais lorsque j’ai pu me faire ma propre opinion. Utiliser ces images pour en faire autre chose qu’un documentaire était audacieux, et pourquoi pas ? Je n’ai rien contre un peu de poésie, hein… Mais là, rien. Du plat. De l’ennui. Je me suis *ennuyée*, profondément, pendant une bonne partie du film, maudissant intérieurement Romane Bohringer, Charles Berling et Jules Sitruk de s’être laissés entraîner à débiter ce texte navrant. Que dit un bébé manchot qui pour la première fois quitte la chaleur duveteuse du dessous du ventre de sa mère ? En substance, “ooooh, j’ai froid, ça pique sous mes pattes”. – Soupir -.
Du coup, la musique d’Émilie Simon, qui n’est pas forcément laide en elle-même, devient envahissante, parce que comme la voix off elle vient alourdir un monde où seuls auraient dû compter la beauté du blanc-bleuté, les craquements de la glace, le dégradé de jaune doré et de gris sur le cou des manchots, le vent qui hurle ou qui soulève délicatement le duvet des petits, cette marche incroyable, cette lutte incessante pour survivre.
“Il n’y a plus rien après le manchot empereur. On touche au domaine de l’abiotique. Il n’y a pas une cellule en Antarctique. Dans cet horizon blanc à perte de vue, il est le dernier guetteur, le dernier élément de vie de la planète. A supposer que cela ne soit pas déjà en soi une autre planète. Parce que si on est pas vraiment dans l’espace, on n’est plus vraiment non plus sur terre ! On est entre le réel et le fantastique.” Luc Jacquet, le réalisateur. Merci quand même pour les images…
Chulie
Mar 9, 2005 -
J'ai évité de donner mon avis sur ce film, parce que je pensais être la seule à aller à contree courant. Moi aussi les commentaires, même proférés par Charles Berling que je vénère profondément en tant qu'acteur, m'ont dérangée.
De telles images se passent de commentaires, et j'écouterai la musique glaciale d'Emilie Simon à part.
Adélie
Mar 9, 2005 -
J'ai quand même entendu/lu pas mal de gens qui ne l'ont pas aimée non plus, cette voix off. Pfffh, ça fend le coeur, quand même :-/.
Pluche
Mar 10, 2005 -
bon, ben quand ca arrivera chez moi je mettrais mon walk-man sur les oreilles pour zapper la voiz-off.
C'est ringard non un walk-man ?
Adélie
Mar 10, 2005 -
J'allais te dire qu'avec ça tu n'entendrais pas le bruit de la neige qui crisse sous les pattes ou le souffle du vent, mais si tu choisis un CD de “bruits de la nature glacée”, ça peut éventuellement constituer un expédient acceptable ;-).
Anonymous
Apr 26, 2006 -
Tres beau film documentaire comme il faudrait en avoir plus souvent de disponibles dans les magazins video. Une note negative toutefois : cette manie agacante qu ont certains films francais a avoir recours a des textes anglais pour la musique. Cela peut etre tres tres agacant!!!